Le CJD Centre Ile de France organise en juin prochain son congrès sur le thème « Mouvement et équilibre » [1]. Mon complice Alain Pascail et moi-même, qui intervenons comme animateurs à l’occasion de cet événement, sommes sollicités pour témoigner sur ce thème. Alain a la vision d’une roue dont le point central – le moyeu – figure l’équilibre, tandis que le pourtour, le cercle, figure le mouvement puisque, en effet, une roue tourne autour d’un point fixe. Tout voyage est ainsi une combinaison de l’un et de l’autre, du mouvement et de l’équilibre.

De mon côté, je m’interroge sur le lien entre les deux. En réalité, l’un ne va pas sans l’autre. Si je cours mais que je n’ai pas d’équilibre, je tombe: pas de mouvement sans équilibre; si je tente de rester immobile, par exemple sur une jambe, et que je m’interdis absolument de bouger, je vais tomber aussi: pas d’équilibre sans mouvement.

Pour lui comme pour moi, qui avons fait profession de la transformation personnelle – que nous aimons à évoquer comme un voyage intérieur – c’est une préoccupation permanente, comme c’est une préoccupation pour quiconque a charge d’âmes ou est en responsabilité d’organisations. Pas de mouvement et la vie s’en va parce que les corps se figent et se sclérosent ; pas d’équilibre et l’organisme court à l’accident.

Il en est du dosage entre l’un et l’autre comme une sorte d’alchimie dont les proportions sont mystérieuses. Comment savoir où placer le curseur entre l’un et l’autre? Y a-t-il une recette secrète dont certains auraient percé le secret ? Je crains que la spéculation et la réflexion ne tournent court dans cette abyssale complexité du vivant.

Mais il est possible de s’appuyer sur d’autres ressources, non du côté du mental, mais du côté de l’expérience. Car nous savons depuis le plus jeune âge marcher sur nos deux jambes [2], exercice banal et pourtant qui fut périlleux lors de l’apprentissage ; savant mélange d’équilibre et de déséquilibre pour produire le mouvement. Un mélange que nous réussissons pourtant la plupart du temps sans y penser ; y penserions-nous que, sans doute, ce serait plus difficile! Mais n’y pas penser, c’est-à-dire ne pas chercher à contrôler comment nous nous y prenons, ne signifie pas qu’il ne faut pas y prêter attention.

Car on peut bien dire que la marche est une métaphore de l’entreprise – de même que le voyage, la randonnée, l’aventure, etc. – c’est encore une image mentale peu efficiente et si l’on veut vraiment saisir le lien, alors il ne faut pas y réfléchir, il faut marcher. Marcher et y prêter attention, avec curiosité, avec un intérêt renouvelé.

Ce que chacun peut y trouver est encore indéchiffrable et je ne saurais, sans me contredire, le décrire puisque cela échappe au mental ; peut-être d’abord et simplement que tout ne se réfléchit pas, que toute leçon ne doit pas être expliquée mais parfois vécue.

Voir aussi: La formation en juillet 2017 qui s’appuie sur la marche: https://www.voyage-heroique.fr/dans-la-foret-de-broceliande/ 

[1] Page Facebook de l’événement : https://www.facebook.com/events/382599568799250/
[2] Certains n’ont malheureusement pas cette chance : handicap, accident. Je ne les oublie pas ici mais, connaissant mal leur quotidien, je ne peux qu’imaginer comment ils vivent le mouvement.

Article paru sur le site dirigeant.fr