En guise de discret hommage à ceux qui m’ont, cette année et les autres années, souhaité mon anniversaire…

“Bon anniversaire, me dit-il.
– Merci, répondis-je, honoré de la délicate attention.
– Alors, continua-t-il, cinquante-et-un ans? Le cap des cinquante est définitivement passé, en route vers la soixantaine?
– En route vers la soixantaine? Cinquante-et-un ans? Mais non, pas du tout, tu dois faire erreur. Le temps n’est pas passé si vite, je n’ai pas fait le compte d’autant d’années! Non, non, non, vingt cinq, vingt six ans tout au plus, et encore, je ne me souviens pas d’autant de sapins de Noël, pas d’autant de minuits qui sonnent sous les cotillons, pas d’autant de départs en vacances avec les affaires de plage, pas d’autant de rentrées d’école, de défilés militaires et d’oeufs en chocolat dans le jardin.
“Oui, vingt cinq, vingt six, ce doit être ça, tout juste la moitié de ce que tu m’en dis finalement et je le sais d’autant plus que je sens bien que ça correspond à la quantité de choses que j’ai vécues, mais aussi à la quantité de choses qu’il me reste à vivre: le nombre de mains serrées, le nombre de sourires, le nombre de baisers donnés et reçus; je n’ai pas eu mon compte de joie et de bonheur pour cinquante-et-un ans, ou alors la vie est un drôle de commerçant qui escroque sur les prix et qui rend mal la monnaie…
“À moins, veux-tu dire, quand tu me regardes en biais comme ça, que je n’ai pas fait attention? Que je n’ai pas été attentif au temps qui passe, aux jours, aux heures et même aux toutes petites secondes, que je les ai laissées échappées parfois et que j’en ai perdu en route? C’est que je devais être occupé à autre chose, je ne sais pas moi, un truc important, je ne suis pas de nature distraite; quelque chose de plus important que vivre, comme écrire des billets pour ce blog ou travailler… Non, ça n’est pas ça, puisqu’écrire ou travailler, c’est aussi vivre… Alors peut-être se soucier, qui est peut-être vivre une vie non vécue, et laisser s’écouler, la tête perdue dans les préoccupations, des années de vraie vie.
“Oui… Tu as sans doute raison… À l’avenir, je ferai plus attention.”